Couverture d'un livre écrit par Karin Amamiya, une lolita militante |
Après y avoir fait allusion dans de précédents articles, je me suis dit qu'il était d'affronter ce sujet: "lolita et féminisme". Je m'excuse d'ailleurs pour l'absence de billets ces derniers mois.
"Lolita et féminisme", donc. Il y a diverses manières d'aborder les deux:
- le lolita en tant que manifestation féministe ;
- le lolita et le féminisme en tant que deux choses distinctes mais pas forcément incompatibles.
La première fera sans doute hurler certaines féministes pures et dures : comment porter des robes, dentelles et froufrous puisse être la traduction d'idées féministes alors que le port même d'accoutrements contraignants par la femme, autrefois, était la manifestation de sa soumission physique et sociale par rapport à l'homme ? Cette vision est compréhensible de ce point de vue.
Il est possible d'en adopter d'autres. Pour cela, je vous ré-invite à lire l'article Where there's a frill there's a way to keep men at bay où l'homme n'a pas vraiment sa place dans la communauté lolita, on l'en a exclu. Au fond, c'est une question de connotations et d'évolutions.
Les féministes d'aujourd'hui ne se battent pas concrètement pour les mêmes droits que celles d'hier. Ainsi, il n'est heureusement plus question du port du pantalon pour les femmes de nos jours (quoique avec le niqab et autres, je me le demande). Le féminisme en lui-même a évolué dans le temps mais aussi au niveau politique. La seule unité qu'on peut lui attribuer est de nature doctrinale : l'égalité des sexes.
Le féminisme est aussi multiforme : il peut se manifester de différentes façons parfois contradictoires. Le lolita pourrait en être. Cependant, le féminisme suppose une certaine démarche et par conséquent, un élément intentionnel, c'est-à-dire la volonté d'être féministe.
Cette égalité voulue ne doit pas, en mon sens, mettre un frein à la liberté. Au final, n'est-il pas question de choix, de pouvoir déterminer comment s'habiller ? Mon professeur de philosophie en hypokhâgne avait scandé lors d'un cours : "la dissertation est un espace de liberté". Le lolita, aussi.
L'on aimerait pouvoir s'habiller comme cela, quand on le voudrait sans avoir à essuyer remarques ou regard désapprobateurs qui parfois atteignent l'agression verbale ou physique. Cette liberté peut aussi s'exprimer négativement : si l'on n'a pas envie de porter tel ou tel vêtement froufrouté, l'on en fait autant (je ne prône pas le naturisme, hein).
Karin Amamiya lors d'une manifestation pour les freeters au Japon |
L'on aimerait pouvoir s'habiller comme cela, quand on le voudrait sans avoir à essuyer remarques ou regard désapprobateurs qui parfois atteignent l'agression verbale ou physique. Cette liberté peut aussi s'exprimer négativement : si l'on n'a pas envie de porter tel ou tel vêtement froufrouté, l'on en fait autant (je ne prône pas le naturisme, hein).
Il y a des règles dans le lolita mais ces dernières ne vont pas à l'encontre de cette liberté. La liberté n'est pas le néant des règles et des interdictions. Ces règles sont plus ou moins souples mais surtout ont été déterminées par nous-même. L'exemple du port de la blouse en plein été est assez parlant.
Il n'y a pas de considérations politiques dans le lolita. C'est un style vestimentaire, du moins, c'est ce qui constitue sa base. C'est la recherche d'une esthétique particulière pas l'expression en soi de revendications féministes.
Lolita et féministes sont donc deux choses distinctes.
Porter des froufrous et autres n'exclut pas toutes pensées personnelles ou politiques au niveau individuel. Militer avec ses froufrous, pourquoi pas ? Certaines l'ont fait en défilant pour les slut walks.
Des lolis lors d'une slut walk à Glasgow en 2011 |